Fiche de lecture - Economie Bleue – Pauli

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Le principe :

Penser l'économie comme un écosystème complet et inclusif qui prend en compte tous les aspects d'une réalisation (agricole, architecturale...) pour ne rien gaspiller/rejeter.

Cela est différent de l'économie verte qui tend à recycler les déchets, et va plus loin que l'économie circulaire qui s'appuie principalement sur les ressources locales.C'est un cycle de production responsable et économiquement viable, qui s'appuie sur l'étude d'écosystèmes naturels et de lois de physique, réinterprétés dans nos productions industrielles ou agricoles dans une vision de durabilité (produits, fabrication et système de production).
 

1- Le choix de la physique ou des études naturalistes

Beaucoup d'études ont été faites sans que nul n'en projette des effets potentiels sur notre mode de production, de vie. Pourtant la nature est inventive.
Exemple : les zèbres sont rayés en noir et blanc et la micro circulation de l'air entre ces deux couleurs leur permet de réduire d'environ 10° leur température corporelle.
Donc appliqué à un bâtiment cela permet de réduire la température intérieure de 5° environ (économies d'énergies), d'appliquer plus parcimonieusement les isolants (économies de
matériaux polluants).

Elle fonctionne en écosystèmes (que certains cherchent à préserver) dans lesquels rien ne se perd et tout est utile ou réemployé. Et e cycle est adaptable à notre production.

Exemple : une ferme (production maraîchère + élevage) produit des déchets animaux  (carcasses...). Sur lesquels un élevage d'asticots est mis en place. Il produit des enzymes cicatrisants glandulaire (commercialisés), puis un fois ce process achevé des protéines animales (asticot mort), qui nourrissent des volailles, dont les œufs sont commercialisés

De certaines de ces recherches, nous pourrions tirer plus d'applications innovantes.

2- Le choix du local

Il s'agit de créer de la valeur avec ce qui est disponible localement, pour enclencher une croissance locale (a contrario de la quête du moindre coût), de migrer de la réduction des
coûts (externalisation et mondialisation) à la migration de valeur.

Ces réalisations à échelles locales échappent aux grands groupes industriels qui ont pour dogme le « cœur de métier », le verrouillage des marchés existants et une zone confort à coup de standardisation.

L'économie bleue se fonde sur des réseaux, du maillage local et d'innovations en continu.

Cette croissance inclusive (locale et dynamique en gains en capital car sans frais intermédiaires) permet de faire circuler l'argent localement et d'enclencher une dynamique de croissance profitable pour tous.

3- Le choix de l'éthique

Il s'agit de repositionner l'éthique au cœur de la démarche économique, de prendre conscience et d'agir sur les impacts négatifs d''une décision économique, de modifier « vertueusement » un habitude. C'est à dire de revisiter ses pratiques professionnelles en cherchant l'idée de cascade : créer de multiples bénéfices pour les différents participants à  une activité.

Exemple : créer des panneaux photovoltaïques doubles générant de l'eau chaude en leur milieu, construits à base de plastique recyclés qui forment la toiture d'un bâtiment.

Un des freins à ce développement est la formation des décideurs des entreprises et de la banque pour qui le « cœur de métier » est une doxa, la sous-traitance un recours systématique et une rentabilité lisible et rapide nécessaire.

Exemple : se basant sur la circulation de l'air dans les termitières un architecte crée immeuble doté d'un système de ventilation qui régule l'air. Par le gain des espaces techniques de climatisation il gagne 1 étage de plus. Mais au départ son projet est plus coûteux qu'un immeuble classique et l'équilibre des gains se fait après investissement avec la vente des appartements surnuméraires.

4-Le choix de l'environnement

La quête de toujours plus de modernité sans mesurer les conséquences et les relations interdépendantes entre chacune de nos actions et innovations a contribué et contribuera au
changement climatique (et à la pollution).

Exemple : l'utilisation de produits chimiques en cosmétique lorsque des polymères de soie procurent la même efficacité et son « bio-compatibles » avec l'humain.

Mais la mise en place de solutions naturelles et alternatives est stoppé par le coût de la recherche, la mise en place sur le marché, la rentabilité immédiate. Les entreprises mises en concurrence par ce type de produit n'investissent pas dans ces domaines et ont une position dominante économiquement.

Donc il est nécessaire de démarrer par des applications à moindre coût de développement pour implanter un process différent. Et pour l'instant cela passe par des interstices du marché, des initiatives locales qui visent à améliorer le sort de populations défavorisés, notamment en Amérique du Sud et en Afrique ou des personnes impliquées.

Exemple : une start-up bretonne propose de recouvrir d'une peinture blanche thermique réflective les toits plats : effet réfléchissant et diminution de la température, donc gain d'énergie et écologiques (effet néfaste de la climatisation. (Cool Roof)

Lien : http://www.lvn.asso.fr/spip.php?article510

5-Changer de point de vue

Transformer une activité en centre de profits multiples, donc en activité équitable nécessite de passer d'une perspective unique (mono-produit / mono marché) à une perspective
multiple abordant des interconnexions éloignées du cœur du business.

Exemple : une mine peut produire du papier à partir de ces résidus (inutiles et encombrants) de pierre.

Une course impatiente vers des solutions rapides (principe de maximisation qui ne prend en compte qu'une seule variable) donne des conséquences involontaires par manque de discernement sur les conséquences des choix. Il est nécessaire de prendre le contre-pied de cette démarche pour aboutir à des productions Economie Bleue.

Exemple : en architecture prendre en compte dès le projet tous les flux existants (air, lumière, eau, énergie, son, matière, occupants) plutôt que de les concevoir comme des structures esthétiques et statiques qui répondent aux besoins fonctionnels et aux normes.  En somme prendre en compte la dimension organique des bâtiments (circulation de l'air, traitement des déchets, choix des matériaux, récupération d'eau de pluie pour le circuit non potable)

Comprendre les ramifications sociales, écologiques... d'un choix implique de créer des synergies, réseaux, communautés, interconnexions.

Exemple : « Nous croyons que la transition énergétique doit prendre en compte en premier lieu les citoyens, qu’elle doit donc être « sociale ». Les habitudes culturelles, les régimes sociaux, les modes de gouvernance, l’environnement, le climat local, ne sont qu’un échantillon des facteurs sociologiques et structurels à prendre en compte dans le développement de la transition énergétique. » Association Les Vagabonds de l'énergie.

Cette économie bleue ne se fera pas sans interconnexions des initiatives au niveau local. La synergie des actions et/ou projets crée un portefeuille d'opportunités.
Il est nécessaire de créer de la valeur pour une communauté locale et de l'intégrer ensuite aux niveaux régional, national, mondial en exploitant la cyclicité des marchés.

Auteur : EC